L’enfant est différent de l’élève

Lors des dernières réunions parents professeurs auxquelles j’ai assistées, j’ai fait un constat : c’est dingue comme les professeurs ont une image de mes enfants différente de la mienne. J’en arrive à me demander s’ils ont le même enfant que moi en face d’eux.

Alors je me demande qui est le plus proche de qui ils sont réellement. J’aurais vraiment envie de répondre que je les connais mieux que personne. Je suis leur mère tout de même. Et si je me trompais. Et si la dimension affective prenait trop de place dans ma façon de les voir ? Tellement que je me fais une image d’eux déformée.

Personne ne les connait mieux qu’eux. Et encore, se connaître soit même est parfois un long chemin. D’ailleurs, à ce propos, je lisais l’histoire (raccourcie) de Jean-Claude Romand qui déclarait : « J’ai tué tous ceux que j’aime, mais je suis enfin moi« . L’histoire d’un homme qui s’était enfermé dans un tas de mensonges pour ne pas décevoir ceux qui l’aimaient : ses parents, sa femme, ses enfants. Un destin de vie assez triste.

Quand on vit tous les jours avec quelqu’un, il y a des choses qu’on ne voit pas ou plus. Nous sommes trop ancrés dans le quotidien. Alors que les professeurs peuvent voir mes enfants sous un autre prisme. Certes, il y a des choses plus intimes qu’ils ne sauront pas. Ils connaîtront que la version « communautaire » de mes enfants.

Par exemple, toutes les personnes croisant le chemin de Chichi ne sauront pas forcément qu’il supporte mal le contact corporel, qu’il panique très vite si il ne se sent pas libre de ses mouvements dans une accolade trop serrée. Même si je lui touche la joue du bout du doigt il a une réaction épidermique. Il me repousse immédiatement et me dit  » Je ne suis pas ta peluche« . Pourtant au judo, bizarrement il ne dit rien.

Alors parfois j’entends des commentaires sur mes enfants. La plupart du temps, ce sont des choses très positives de la part de leurs professeurs. Dans ma tête, je me dis qu’ils ne les connaissent pas vraiment, que s’ils les voyaient à la maison ils changeraient peut-être d’avis. Aussi, je me trouve parfois dure dans mon jugement, pas assez « OMG it’s amazing ! Good job my son !« . Comment font les mères américaines pour être dans une telle démonstration ? J’aurais le sentiment d’en faire des tonnes, que cela sonne faux. D’ailleurs, je travaille sur moi pour changer et pour plus féliciter mes enfants. Cependant ça reste difficile pour moi.

Voilà, toute cette réflexion parce que, lors de la remise du bulletin de Chichi, je n’étais pas forcément de l’avis des maîtresses. Mais que je n’ai rien osé dire. Après tout, la directrice a vu de nombreux enfants passer dans sa carrière. Elle peut se faire une idée du profil d’élève qu’est Chichi. Bien plus que moi puisque la maison il travaille peu. Malgré tout, j’ai émis quelques subtiles hypothèses mais elles ne semblaient pas de mon avis.

Faudrait-il « raconter » son enfant aux enseignants ? Voilà la question que je me pose.

Auteur de l’article : MissBrownie

Je m'appelle Anabel et je suis maman de 3 enfants. Lilloise depuis 1998, je vous raconte mes aventures de famille à la fois douces et piquantes depuis 2008. En 2019, je suis également devenue professeure des écoles. Retrouvez moi également sur Instagram sous les pseudos ana_missbrownie et anabel_en_classe.

14 commentaires sur “L’enfant est différent de l’élève

    petitdiables

    (1 février 2019 - 9 h 13 min)

    Eh oui, on a tous plusieurs facettes. Je pourrais dire aussi que la mère n’est pas la prof, dans mon cas ça se vérifie tous les jours!

      MissBrownie

      (1 février 2019 - 10 h 52 min)

      Oui, on a tous plusieurs facettes mais quand il s’agit d’essayer de comprendre pourquoi un enfant/élève a des soucis et qu’on n’a pas la même vision de la cause, c’est difficile de poser un diagnostic

    cleopat

    (1 février 2019 - 9 h 43 min)

    Comment savoir ? Nos enfants sont-ils ceux que l ‘on croit connaitre, ou ceux que les autres connaissent, ou pensent connaitre. (vous avez trois heures )
    Je crois que c’est un peu des deux!
    Nous montrons probablement, tous, une facette de nous-m^me en fonction des personnes côtoyées.
    Mes enfants sont adultes depuis longtemps, et je découvre encore des éléments de leur personnalité!
    Tant que ce n est pas un rôle joué volontairement, je trouve ça normal!
    Néanmoins ça peut être déstabilisant , parce qu on peut être très surpris, voire dubitatif de ce qu on nous dit à propos de nos enfants, et même de nos proches!
    Alors enfant différent de l’élève ? Pour moi, oui bien sûr . Mais pas totalement évidemment, enfin j’ose le croire!

      MissBrownie

      (1 février 2019 - 10 h 48 min)

      Oui, c’est ça, vous avez 3 heures 😉
      Je me souviens que j’ai déjà été surprise d’apprendre qu’une personne que je trouvais très douce et gentille ne l’était pas avec sa famille.
      Il me semble que Chupa est la plupart du temps égale à elle même à la maison et à l’école. T-Biscuit est très différent et fait tout pour se conformer au moule de l’école depuis tout petit, il paraît être un élève modèle mais se lâche à la maison LOL. Chichi m’apparaît comme un mystère. Je pense le comprendre, faire les bonnes déductions mais finalement je n’en suis plus certaine.

    Emilie

    (1 février 2019 - 17 h 21 min)

    A mon avis non il faut laisser chacun se faire sa propre idée c’est un espace de liberté pour l’enfant.
    Il a le droit de dévoiler d’autres facettes en dehors du cercle familial.
    J’ai d’ailleurs souvent été surprise des retours des enseignants et des animateurs à propos du Lutin.

    Nancy

    (1 février 2019 - 18 h 47 min)

    Je me suis posée mille fois cette question… il y aurait de quoi écrire un livre 😉
    Peut-être qu’il ne faut pas « raconter » son enfant aux enseignants, sauf si l’enfant souffre du regard décalé que ce dernier pose sur luI ?

    sysyinthecity

    (1 février 2019 - 21 h 30 min)

    c’est bien connu, les enfants ne sont pas les mêmes à la maison et à l’extérieur, et on peut dire la même chose de nos collègues de travail:)

    Une parisienne à Vincennes

    (1 février 2019 - 21 h 12 min)

    Malheureusement il est difficile pour lesles enseignants de vraiment chacun

    Julesetmoa

    (2 février 2019 - 4 h 24 min)

    A l’extérieur les enfants et même les adultes prennent sur eux pour donner le meilleur de soi. A la maison, on se lache car on ne risque rien

    Carole Nipette

    (2 février 2019 - 18 h 32 min)

    Aucun parent ne connait toutes les facettes de son enfant qui les montre à différentes personnes mais jamais toutes en même temps ! à l’école nos enfants sont différents et parfois à travers les yeux des profs on est surpris dans le bon sens ou dans le mauvais…

    Mademoiselle Farfalle

    (3 février 2019 - 9 h 46 min)

    Je vis la même chose avec la Miss. A l’extérieur, elle est une vraie petite fille modèle et les gens hallucinent quand on dit qu’elle est compliquée…

    GirlsnNantes Eva

    (4 février 2019 - 9 h 29 min)

    idem ici, mon fils est vraiment chiant en ce moment. il conteste tout, râle, est de mauvaise foi et à l’école il est parfait alors bon je laisse planer le doute en société lol

    Enirtourenef

    (4 février 2019 - 22 h 47 min)

    « Ils ne connaîtront que la version « communautaire » de mes enfants » Oui ! Et ça va même encore plus loin que ça ! La version « communautaire » en classe, sous le regard permanent de l’instit’ n’est pas la version « communautaire » de la cour de récré ou du club de sport. Nous avons tous différentes identités et nous agissons en fonction des ces identités. Je pense que ce n’est jamais possible de connaître véritablement une personne. Et je pense que c’est aussi vrai avec les enfants, qui s’adaptent très bien au jonglage entre les différentes identités sociales.

    Sur le judo j’ai peut-être un élément de réponse. Moi aussi je déteste qu’on me touche. Pendant longtemps je n’ai pas fait la bise et encore aujourd’hui je n’aime pas la faire même si mon corps (et mon esprit) s’est « acclimaté ». Mais je n’aime pas qu’on me touche, je ne me sens pas à l’aise, je me sens en insécurité totale. Pourtant, je fais de l’aïkido. Là, c’est un peu comme pour le judo : difficile de faire quoi que ce soit de la personne en face si tu refuses de la toucher ou d’être toi-même touchée. Mais en fait, ce n’est pas du tout, Du Tout, DU TOUT le même genre de contact. Un contact dans la vie quotidienne c’est un contact parfaitement inégalitaire (quelqu’un qui donne une caresse et l’autre qui reçoit, quelqu’un qui te met la main sur l’épaule pendant qu’il te fait la bise et l’autre qui ne fait rien, etc.) et ça peut amener à des situations tout à fait imprévisibles (genre tout à coup la personne va avoir des griffes qui vont lui pousser et se mettre à tes déchiqueter et tu vas mourir sur place, tu vois le genre). Alors que, dans l’aïkido pour moi, et dans le judo pour Chichi, ce sont des contacts égalitaires et surtout balisés ! On ne peut pas faire plus balisé que ça ! Tu ne touches QUE les endroits utiles à ce que tu vas faire, et comme le prof a montré avant, tu sais où tu touches et où tu seras touchée. Tu as le temps de te préparer. L’instaure aussi une relation avec tes partenaires : on est là tous pour les mêmes raisons et personne ne va prendre le dessus sur personne (même si ça peut faire bizarre de dire ça en parlant d’art martiaux, en premier abord). Du coup, c’est un contact plus facile, plus acceptable, qui ne te mets pas dans le même constat d’insécurité qu’un contact de la vie quotidienne. Ce n’est pas du tout antinomique de ne pas vouloir être touché dans la vie quotidienne et d’accepter le contact une fois que tu montes sur un tatami. Tiens, d’ailleurs ! Balisé dans les sortes de contact (on ne touche pas n’importe où, on touche « utile ») mais aussi balisé physiquement. Hors du tatami il n’y a pas de raison d’être touchée. Du coup, à partir du moment où tu montes sur le tatami, tu acceptes cet état de fait : on va te toucher, et tu vas toucher.
    Voilà, j’espère t’avoir un peu aider à comprendre la bizarrerie de Chichi ! 🙂

    Quant à féliciter ses enfants, je pense que c’est important, pour plus tard, pour la confiance en soi, l’estime de soi (et quand c’est mal formé au début, c’est difficile de rattraper le coup !). Je ne dis pas ça pour te culpabiliser, de mon côté j’ai du mal à exprimer mes émotions, donc je ne saurais sans doute dire à personne que « je suis fière de lui ». Mais c’est important. Et féliciter ne veut pas forcément dire en faire des caisses !

    Bobine

    (11 février 2019 - 12 h 12 min)

    Très intéressant, ça me questionne souvent! Même si c’est un peu fatigant, je trouve ça rassurant que mes enfants soient « eux-même » à la maison et expriment leurs émotions sans filtre (pour ma part, petite c’était un peu le contraire, j’ai toujours fait hyper attention chez moi car mon père était très strict et c’est à l’extérieur que je m’ouvrais).
    Et finalement, je trouve aussi ça rassurant que mes enfants sachent s’adapter au contexte, à la situation (école, grands-parents, amis, etc…)
    Mais c’est sûr que parfois ça surprend. Une fois au retour de colo, les animateurs m’ont dépeint un portrait de mon fils… je leur ai demandé s’ils ne se trompaient pas d’enfants! 🙂

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.