Le temps file.
Il y a des emplois pour lesquels la déconnexion est quasiment impossible. Professeur des écoles en fait partie. Notre ministère nous propose des webinaires sur le droit à la déconnexion. Parfois je me demande si on y a vraiment le droit. Je peux vous assurer que ce job de feignasse prend énormément de place. Quand on débute dans le métier, on nous dit qu’il faut savoir avoir un esprit critique sur notre pratique. Mais comment faire quand on culpabilise toujours de ne pas réussir à faire mieux devant tant d’élèves en difficultés, quand on y pense la nuit, tout le temps ?
Mon mari me dirait de faire attention, qu’un burn out peut vite arriver.
Ces 2 dernières années, j’ai découvert l’enseignement en classe élémentaire et j’adore ça, mais c’est bien plus culpabilisant que la maternelle. Néanmoins, je savoure de ne pas avoir à chanter des comptines toute la journée.
Les programmes me donnent le vertige. Et si je l’écris aujourd’hui, c’est parce que j’arrive au terme de 2 périodes et qu’avec mon double niveau, mes 25 élèves aux capacités allant de la grande section au CE2, parfois j’angoisse. Je sais que je ne pourrai pas arriver au bout des programmes. C’est impossible. Ou alors, j’avance avec 7 élèves et je laisse les autres se dépatouiller avec toutes leurs lacunes. Un français oral non maîtrisé, un manque cruel de vocabulaire, un niveau en lecture de milieu de CP …
Je suis toujours tiraillée entre avancer coute que coute ou prendre le temps pour tous.
J’imagine bien le désarroi des profs au collège devant le niveau des élèves qu’on leur envoie. Alors quand Chichi revient triomphant avec son bulletin parfait, en mauvaise mère, je le fais redescendre sur terre car il pourrait faire encore mieux. Je vois des choses qu’il est capable d’améliorer mais pour lesquelles il ne se donne pas les moyens.
Tout le monde est d’accord pour dire que le niveau général baisse. L’écart est encore plus flagrant quand on enseigne dans des quartiers défavorisés. A qui la faute ? Les écrans ? Les parents ?
J’entends bien ceux qui pensent que les enfants ont besoin de bouger, qu’il faudrait généraliser les classes flexibles. Honnêtement, je n’imagine même pas avec mes élèves. Je n’ai pas le souvenir d’avoir trouvé ça contraignant de rester assise sur ma chaise à copier. Les élèves d’aujourd’hui ne veulent plus copier ni lire, il faut tout faire à leur place.
Bref, pour déconnecter de tout cela, je lis chaque soir.
J’ai lu « Les sorcières de Pendle » et j’ai beaucoup aimé. En ce moment, je lis « Celle que je suis » de Claire Norton sur les conseils d’une amie et collègue.
Je regarde des séries (beaucoup) aussi : Inside Man, Dahmer, la dernière saison de la servante écarlate, 1899, A l’aube de notre histoire, tell me lies …
Par contre, j’ai beaucoup plus de mal à venir ici raconter ma petite vie. Allumer mon ordinateur me mène toujours à faire des recherches pour l’école. J’ai un tas de réflexions à faire sur l’école mais beaucoup moins sur ma vie de famille.