La bouffe

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Dans les films futuristes, on mange tous la même chose. De la nourriture qui ne ressemble à rien et dont on ignore le contenu, si ce n’est qu’elle contient ce qu’il faut pour vivre.

Parfois, j’aimerai déjà être dans ce futur. Pourtant, j’aime la bonne bouffe, la bien grasse et même que parfois, j’ai envie de salades. Par contre, je n’aime pas cuisiner.

Ça n’a jamais été une passion pour moi, mais j’essayais de faire un effort quand nous étions 2. J’ai tenté des recettes sans savoir si elles allaient être réussies.

Puis un jour, les enfants ont arrêté de manger des plats tout prêts pour bébé. Nous avons fait le choix de manger en famille, le même plat pour tout le monde, même si au début, il est arrivé que je fasse des pâtes, du riz ou du ébly pour le dîner des petits. Ils avaient un déjeuner équilibré à la crèche ou à la cantine de l’école alors le dîner, ce n’était pas bien grave. Enfin, c’est ce que je me disais pour me déculpabiliser.

Petit à petit, préparer les repas est devenu quelque chose de pas très fun.

Quelque part, j’ai l’impression d’avoir échoué. Pourquoi mes enfants ne mangent pas de tout ? Enfin, ceci est faux. La vérité est pourquoi T-Biscuit ne mange pas de tout ? Pourquoi quand on pense que les choses s’arrangent, il régresse en retirant des choses qu’il aimait ? Par exemple, il a décidé qu’il n’aimait plus le riz. A force de toujours vouloir manger la même chose, il n’aimera plus rien. Même ses pâtes au gruyère le dégoûteront.

Parfois, j’ai l’impression qu’inconsciemment il veut nous faire souffrir en ne mangeant presque rien. Une longue vengeance de l’avoir sevrer du sein de force à 4 mois 1/2 …

En face de lui, il y a Chupa. Chupa qui a choisi de bouder les menus « enfants » des cartes de restaurant, ceux que ses frères choisissent. Elle veut manger comme les grands et semble parfois ne jamais être rassasiée. Je me demande parfois si elle reconnait la satiété …  Ce qu’elle veut, c’est goûter à tout, surtout des plats « raffinés », « compliqués », mais comme par contradiction, elle a décidé de ne pas aimer les plats que T-Biscuit aime le plus, ce qui me complique encore plus la tâche et me vaut des revendications quelque soit le menu.

Puis il y a Chichi, encore différent, qui préfère les fruits et les légumes crus au reste. Il peut se contenter de croquer quelques tomates et poivrons crus, puis manger 1, 2, 3 bananes. Le reste a souvent un succès mitigé, sauf la pizza. Il mange souvent n’importe comment, peut manger son dessert avant le plat principal, mais finalement, c’est certainement le seul qu’on laisse tranquille. Un bien ou un mal, je ne sais pas.

Voilà, la bouffe … un sujet sensible dans notre petite famille nombreuse, un sujet qui me contrarie …

Dans mes lectures du moment, j’ai trouvé quelques passages qui me donnent à réfléchir et que j’ai envie de partager avec vous …

« Ses attirances, lubies, phobies et coups de foudre tournent à l’incandescence dans le domaine alimentaire : « La fadeur des crèmes de blé vert, des bouillies d’avoine, des panades, m’arrachait des larmes; l’onctuosité des graisses, le mystère gluant des coquillages me révoltaient; sanglots, cris, vomissements, mes répugnances étaient si obstinées qu’on renonça à les combattre », écrit-elle. Une manière de s’opposer à l’arbitraire maternel – d’autant plus que, on le sait, l’alimentation est souvent un enjeu, un noeud de conflit entre mère et fille » (page 117 -Simone de Beauvoir et Françoise- Trois filles et leurs mères)

« Elle est la grande, l’aînée. Maman l’aime, ça se voit tant, aujourd’hui. Ça n’est pas comme ces jours où à table, elle lui impose des mets qu’elle déteste : les champignons ou les mollusques, par exemple. Ces jours-là, la petite Simone n’aime pas sa mère. Elle hait le menton pointu qui se tend, les yeux fixes, les lèvres pincées, tandis qu’elle, Simone, est au bord de vomir. Il y a des jours où maman est une fée. Et d’autres où maman est une sorcière »  (page 128 -Simone de Beauvoir et Françoise- Trois filles et leurs mères)

« Au moment même où le jeune fermier enfonçait dans l’eau du bassin le museau du cheval-qui-n’a-pas-soif et que, brrr ! le souffle obstiné de la bête éclaboussait l’eau en cascade autour de la fontaine, un homme apparaît qui déclare sentencieusement :

_ Mais changez donc le contenu du bassin !

Ce qu’on fait sur le champ car il fallait – ordre des autorités – faire boire ce cheval-qui-n’a-pas-soif. Peine perdue. Le cheval n’avait soif ni d’eau trouble ni d’eau claire.

(…)

Avez-vous vu des mamans-poules essayer de faire manger leur enfant ? Elles attendent, cuiller en main, que le patient entrouvre la bouche encore pleine pour y enfourner la ration de potage … Encore une pour papa ! … Et une pour le minet ! …

A la fin, cela déborde. L’enfant recrache sa pâtée, à moins qu’il n’en fasse une indigestion.

Placez cet enfant en milieu vivant, si possible communautaire, avec la possibilité de s’y livrer aux activités qui sont dans sa nature. Il se présente alors aux repas, ou avant les repas, affamé. Le problème de l’alimentation change de sens et d’esprit. Vous n’avez plus à enfourner à la sauvette une bouillie d’avance refusée, mais à fournir seulement les matériaux suffisants et valables. Les processus de déglutition et de digestion ne sont plus votre fait.

On ne fait point boire le cheval qui n’a pas soif ?

Mais quand il aura mangé tout son soûl, ou traîné lourdement la charrue, il retournera de lui-même à la conque familière, et alors, vous pourrez tirer sur la longe, crier ou frapper … le cheval boira jusqu’à plus soif, puis partira apaisé.

A moins que l’obligation que vous lui aviez faite, de boire à cette fontaine, les coups que vous lui avez donnés n’aient créé une sorte de dégoût physiologique de la fontaine et que le cheval se refuse désormais à boire l’eau que vous lui présentez et qu’il préfère chercher ailleurs, librement, la flaque qui le désaltérera. » (Les dits de Mathieu – C.Freinet)

 

Auteur de l’article : MissBrownie

Je m'appelle Anabel et je suis maman de 3 enfants. Lilloise depuis 1998, je vous raconte mes aventures de famille à la fois douces et piquantes depuis 2008. En 2019, je suis également devenue professeure des écoles. Retrouvez moi également sur Instagram sous les pseudos ana_missbrownie et anabel_en_classe.

7 commentaires sur “La bouffe

    Une sophie de plus !

    (25 juillet 2014 - 12 h 10 min)

    C’est fou je me reconnais dans Ti-biscuit. Petite je ne mangeais rien d’autre que du riz, des pâtes ou des patates sous toutes leur forme. Quand on me disait mais tu n’aimes pas les légumes je disais si : le riz, les pâtes et les patates. Mes parents ont laissé faire. Et aujourd’hui, je reste très difficile. Les légumes verts me dégoutent, les carottes encore plus. Petit à petit comme une enfant j’apprends. Mon mari et mes enfants m’y aident puisque pour les petits je dois manger de tout pour qu’il mange de tout. Alors je me suis mis aux artichauts, aux asperges, au haricots. Pour les enfants on essaie de rendre le repas ludique ou parfois on marche au chantage. Tu ne manges pas ta soupe, ok très bien ben dans ce cas c’est que tu n’as plus faim tu peux sortir de table. Ce qui implique ni fromage, ni dessert ni confiserie. Les enfants sont faibles, et craquent 😉 mais c’est un combat quotidien…

    Mam Alamaison

    (25 juillet 2014 - 14 h 29 min)

    Et vous avec ton homme vous mangez normalement, devant eux je veux dire? Ici c’est pas somple non plus mon petit de 5 ans et demi n’aime quasi aucun légume, du coup je fais tous les jours pâtes, riz, boulgour ou semoule et il adore les fruits alors j’espère que ça compense un peu.

    fonfeccc

    (26 juillet 2014 - 10 h 17 min)

    ici on cuisine de tout et on mange de tout avec notre fils de 4 ans. il adore les petits pois, haricot vert, toutes les viandes, fruits secs, tous les poissons, les crustacés etc. Mais on ne grignote en dehors des repas quasiment jamais. l’équilibre des repas se fait sur la semaine (un repas il va dévorer la viande, l’autre les légumes, l’autre les féculents). On a très peu de gateaux industriels (uniquement pour le gouter), on a des yaourts natures (avec miel, sucre, confiture ou creme de marron) et de temps en temps c’est la fête on prend des gervita ou des marrons suisse. Si il ne veut pas manger (par ex des lentilles hier) et bien il sort de table et c’est tant pis. Après le week end c’est relache, on peut partager des chips ou qq carrés de chocolat, et aller au macdo mais tout ceci est rare, pour en garder la saveur 🙂 j’adore la junkfood, mais je me retiens pour ne pas créer de mauvaises habitudes.

    Maud

    (27 juillet 2014 - 0 h 55 min)

    Compliqué la fin du billet… pour le reste, je compatis 🙂
    Léo aussi me fait penser un peu à T’biscuit… il boude des trucs qu’il adorait avant… et devient plus difficile (avant il ne l’était pas du tout, il aimait quasi tout, seulement il n’avait jamais faim !).
    Pas facile non plus avec Chupa et ses goûts « de luxe » 🙂 ça doit vous coûter cher au resto si elle boude les menus enfants ! :/
    Mdr, Noémie est comme Chichi pour manger à l’envers… mais on est plus du genre à la remettre dans le « droit chemin ». Elle ne fait toujours pas la différence entre le fromage et le dessert (ou alors elle nous prend pour des c**… ce qui n’est pas impossible non plus vu son caractère de chipie!). Mais au final, elle devient moins difficile que son frère, même si elle ne saoule à chaque repas (on se bat pour qu’elle mange seule). Mais l’autre jour chez des amis, elle a bcp mieux mangé que léo le menu proposé par nos hôtes (déjà à l’apéro elle aime le tomates cerises et les chips, c’est déjà une bonne chose… léo, que les tomates, mais il s’en fait une ventrée!! puis elle mange la tranche de dinde, comme léo, mais aussi des chips et une salade de pâte en accompagnement… léo n’aimait ni les chips ni les pâtes!)…
    Ici on commence de temps à temps à manger tous les 4 ensemble le même repas… c’est pas mal, mais ça marche que pour quelques menus : gnocchis carbo, quiche saumon épinards… c’est tout je crois pour l’instant !
    Bon courage en tout cas!

    Maristochat

    (27 juillet 2014 - 14 h 09 min)

    Chez nous, c’est le casse-tête des beaux enfants. Comme ils ne mangent pas du tout comme nous chez leur maman, ils refusent beaucoup de choses à la maison. Jamais évident tout ca! En grandissant, ils changent et heureusement!

    lamiteorange

    (28 juillet 2014 - 11 h 29 min)

    Mouflette a longtemps été une enfant compliquée à faire manger… C’était difficile et culpabilisant…
    Mais à 13 ans elle ressemble beaucoup à Chupa et veut tout goûter, ce qui me rend très fière surtout vu d’où on part!!

    Vinie

    (29 juillet 2014 - 18 h 25 min)

    Tim est notre petite chiasse de la nourriture : il n’aime pas grand-chose et surtout pas les fruits et très peu les légumes. Même les pomme de terre il les boude (sauf en purée).
    Si on a le malheur de proposer un McDo aux enfants, il va pleurer et préférer qu’on reste manger à la maison… Même les bonbons et les boissons sucrées et/ou gazeuses il n’aime pas.

    Lù, c’est tout le contraire : il aime tout ! Surtout les fruits et les légumes. La seule chose qu’il déteste depuis tout bébé ce sont les petits pois. Sa passion va pour les avocats et les bananes lol

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