La semaine dernière, j’ai accompagné Chupa et sa bestie chez Cultura. Elles devaient acheter des copies double. Aller chez Cultura avec moi est une très mauvaise idée. Je peux rester des heures à feuilleter des livres.
Un des premiers rayons chez Cultura, après les romans adultes, est un espace dédié au développement personnel, à la spiritualité et l’ésotérisme. J’étais entrain de regarder un jeu de cartes sur les vies antérieures quand Chupa et sa copine sont arrivées à mes côtés. Elles étaient étonnées que je m’intéresse à ce genre de choses. Aussitôt, elles ont imaginé que j’allais développer une nouvelle passion. Comme si en prenant de l’âge, j’allais commencer à m’intéresser à l’ésotérisme. Que nenni ! J’ai donc remis les choses en situation.
A leur âge, je me passionnais déjà pour l’art de la divination. J’avais un tarot divinatoire et des runes celtiques. Des runes celtiques gravées dans des rondins de bois que mon père avait sciés pour moi. Et je ne crois pas me souvenir que mes parents m’aient un jour trouvée bizarre. C’est à ce moment que je ai dit aux 2 ados:
» A votre âge, je ne passais pas mon temps sur tik tok. Je ne m’ennuyais pas. Je chantais fort dans ma chambre en cassant les oreilles de tout le monde, j’écrivais à mes correspondants à l’étranger, je lisais des magazines, je tirais les cartes et les runes et je parlais aux morts«
Bon, à cette dernière évocation, elles m’ont regardée avec des yeux ronds comme si j’étais folle. Quelle idée de vouloir parler aux morts …
En tout cas, à 16 ans, je m’intéressais à beaucoup de choses. J’avais une collection de timbres mais je n’en étais pas trop fan. Dans la mesure du possible j’essayais aussi d’avoir une collection de pierres précieuses. De mignonettes de parfum aussi. J’avais un abonnement au magazine CinéLive. Même si je n’allais que rarement au cinéma, je voulais tout savoir.
Dans les années 90′, être adolescent sans smartphone obligeait à avoir des centres d’intérêts précis et approfondis. Cela ne signifie pas non plus que parfois je ne perdais pas mon temps. Car moi aussi je regardais des séries comme Beverly Hill’s. Puis je jouais beaucoup à la Super Nes.
Mais encore plus, j’avais beaucoup moins de gens avec qui comparer ma vie.
Pour autant, cela ne signifie pas que la vie adolescente avec un smartphone est moins bien que sans. Il y a des tas d’avantages. Garder un lien social est plus aisé. Puis Chupa voit sur tiktok des recettes qu’elle a envie de tester. Bien souvent il manque des infos comme les quantités ou les ingrédients mais on s’en sort approximativement. Elle trouve également des idées d’aquarelles à réaliser. Elle ne feuillète plus les catalogues de ventes par correspondance mais fait des tableaux de tendances sur pinterest.
Je me demande quelle ado j’aurais été avec un smartphone. Aurais-je eu les mêmes passions pour le surnaturel et l’ésotérisme ?
2 commentaires sur “Quand nous n’avions pas de smartphone”
Ysaline
(19 avril 2021 - 13 h 49 min)Bonjour,
J’ai vécu une adolescence similaire à la vôtre.
Pas d’ennui, plus de créativité, on faisait « avec », on se CONTENTAIT de ce que l’on avait.
J’aime beaucoup votre phrase : « j’avais beaucoup moins de gens avec qui comparer ma vie. ».
Dans notre société de consommation, il faut « être comme ceci », « faire comme cela ». Les comparaisons auxquelles vous faites allusion font beaucoup de mal…, créent des jalousies, des envies…
C’est difficile pour les jeunes de se construire une identité sans ces comparaisons qui suscitent de nombreux « mal-êtres », des burn-out.., des pseudos-obligations..
Mon mari et moi avons beaucoup de mal à faire comprendre à notre fils (16 ans) qu’il doit être lui-même et pas comme untel qui parle comme ceci, ou bien comme Mr Trucmuche qui porte telle marque, etc…
Alors que la richesse d’une société, n’est-ce pas un mélange d’individualités qui apportent leurs richesses de par leurs différences ?
Bel après-midi !
lanabc
(11 mai 2021 - 19 h 40 min)Tu as raison pas de smartphone mais on ne s’ennuyait pas. ceci dit internet est une belle invention je trouve mais a ses inconvéniants. je raconte parfois mes débuts de maîtresse sans ordinateur et franchement, je trouve qu’on nous en demandait moins… J’ai même connu quelques machines à alcool…