Journal de bord d’une professeure des écoles débutante [Période 2]

Plus que 2 jours en classe avec mes élèves et cette 2ème période de 7 semaines s’achèvera.

Durant cette période, j’ai eu la visite de ma conseillère pédagogique puis celle de ma tutrice Inspé. Deux visites qui m’ont réconfortée pendant quelques jours avant que les doutes ne resurgissent. Pas des doutes sur mon choix de reconversion car bien que les journées soient fatigantes, j’arrive à me sentir à ma place. Mais des doutes sur ce que je propose, sur mon organisation, sur ma posture.

Devenir enseignant s’apprend. Ce n’est pas inné. La comparaison avec les collègues plus expérimentées est difficile. J’ai souvent du mal à me dire qu’il est normal que je sois en difficulté, que ma classe soit plus bruyante parce que je suis débutante. Dans ces cas là, je me sens nulle. Pourquoi arrivent-elles à avoir des enfants silencieux alors que j’y arrive péniblement, alors que je n’ai pas le sentiment d’être laxiste envers les mauvais comportements. Honnêtement, c’est dur pour l’égo.

Je suis constamment en remise en question et en questionnement sur comment améliorer le climat de classe et les apprentissages. Parfois j’envie mes jeunes collègues qui n’ont pas à penser à la programmation de leurs enseignements car des collègues leur fournissent. Ou tous ceux qui n’ont pas une famille à s’occuper quand ils rentrent chez eux. Mais cela me fait aussi me sentir plus forte.

Cette période 2 s’est nettement mieux déroulée que la période 1. J’ai mieux dormi et moins stressé. Avoir pu préparer ma période durant les vacances de la Toussaint a été bénéfique car je savais où j’allais avec mes élèves, ce que je voulais faire. Et il n’y a pas à dire, les élèves sont plus calmes quand ma journée est bien programmée et que moi-même je sais où je veux les emmener.

Malgré tout, j’ai encore énormément de challenges à relever pour la 3ème période. J’avoue que les prochaines visites de mes tutrices m’angoissent aussi car les dernières s’étant bien déroulées, j’ai peur que ce soit le chaos la prochaine fois et qu’elles se demandent pourquoi elles m’ont complimentée.

Au moins, je ne pleure pas et je n’en ai pas l’envie. Autour de moi, des connaissances ayant également embrassé cette profession après une reconversion m’ont souvent dit que la 1ère année, elles avaient beaucoup pleuré. Je me pose surtout énormément de questions.

Durant cette 2ème période scolaire, j’ai relevé un nouveau défi : celui de la 1ère sortie hors de la classe. Ce n’était qu’une sortie à la bibliothèque mais j’en suis plutôt fière car bien que ma binôme m’assure que les élèves soient plus posés avec elle, elle n’entreprend rien pour faire une sortie. Bon, je n’avais pas trop le choix en vérité, même si j’aurais pu ne pas demander de créneau à la bibliothèque, mais cette sortie s’est très bien passée. Ouf !

L’autre challenge réussi a été les réunions avec les parents. Certes, ma binôme a essentiellement dirigé ces entretiens et je me sentais parfois un peu potiche mais c’était une très bonne expérience pour le futur.

Côté nouvelle expérience, j’ai fait grève. Mon côté « trop gentille » m’a perdu. Toutes mes collègues souhaitaient faire grève et je ne me voyais pas dire « Oh bah moi non ». Honnêtement faire grève en étant stagiaire, je trouve cela moyen mais être seule dans l’école, je ne le sentais pas du tout. J’en avais discuté avec ma tutrice qui comprenait mon point de vue. Elle m’avait assurée que ce ne serait pas noté en rouge dans mon dossier. Heureusement, la prochaine grève est un mardi, un jour où je ne suis pas en classe devant mes élèves.

Côté petite victoire, ma directrice a complimenté un projet artistique que j’ai mené avec mes élèves. Cela m’a fait plaisir car depuis le début de l’année, elle a plusieurs fois sous-entendu qu’elle aimerait que son école n’ait pas tous les ans une ou un stagiaire.

Être professeur des écoles stagiaire n’est pas simple. Travailler en binôme n’est pas aisé. Bien que je vois ma binôme quand je suis dans l’école, je ne sais pas ce qu’elle travaille en classe avec les élèves. J’ai même appris lors du conseil d’école que le lundi et le mardi après-midi, la directrice prend une partie de la classe en décloisonnement, chose dont je ne bénéficie pas en fin de semaine. J’ai ma classe au complet, sauf quand une personne de l’association « Lire et faire lire » vient raconter des histoires durant 30 minutes à un groupe. Enfin … certains élèves préfèrent rester en classe avec moi qu’aller avec cette gentille dame qui vient.

Bref, tout ça pour dire qu’en étant 2 jours par semaine dans l’école, la communication n’est pas facile. On oublie parfois de me dire les choses ou il faut que je pose mille questions pour avoir les infos. C’est fatiguant. Mais je vois bien que la directrice est fatiguée elle aussi. Réellement fatiguée par tout ce à quoi elle doit penser.

Voilà, durant cette 2ème période, ma pratique et ma posture ont progressé, je le sens. Néanmoins cela reste fragile et peut facilement basculer. J’ai 4 élèves très perturbateurs que j’ai parfois beaucoup de mal à canaliser. Je cherche des pistes mais ce n’est pas simple. Ils m’épuisent.

Enseigner en maternelle demande tellement d’énergie. Il faut savoir rebondir vite à chaque départ en vrille des élèves pour les recanaliser. Plein de trucs et astuces, d’automatismes à acquérir et que je n’ai pas encore. Mais je n’ai pas peur, ça viendra. Il faut juste que moi-même je ne panique pas quand ça dérape.

Auteur de l’article : MissBrownie

Je m'appelle Anabel et je suis maman de 3 enfants. Lilloise depuis 1998, je vous raconte mes aventures de famille à la fois douces et piquantes depuis 2008. En 2019, je suis également devenue professeure des écoles. Retrouvez moi également sur Instagram sous les pseudos ana_missbrownie et anabel_en_classe.

5 commentaires sur “Journal de bord d’une professeure des écoles débutante [Période 2]

    petitdiables

    (17 décembre 2019 - 9 h 03 min)

    courage, pense que cette année sera sans doute la pire de ta carrière, après ce sera gnognotte!

      MissBrownie

      (18 décembre 2019 - 14 h 06 min)

      Tu crois ? J’entends souvent dire que l’année de T1 n’est pas simple non plus, surtout si tu es affectée loin de chez toi …

    NANCY

    (17 décembre 2019 - 12 h 20 min)

    Bravo pour cette belle reconversion; je crois que quand on a tendance a réfléchir et à se remettre en question pour améliorer sa vie de classe, c’est génial et on avance à pas de géant, mais il faut aussi prendre soin de soi <3
    Avec l'expérience tu vas trouver les astuces, c'est sûr !
    Tu peux proposer un "cahier de liaison" entre ta binôme et toi, dans lequel vous noterez les infos importantes concernant les parents, les élèves, la vie de classe et les documents importants ^^
    Pour calmer les enfants agités : la musique ça marche très bien aussi (CD, etc…)
    Courage <3

      MissBrownie

      (18 décembre 2019 - 14 h 06 min)

      Merci pour tes encouragements et tes conseils Nancy 🙂

    Emma June

    (19 décembre 2019 - 9 h 18 min)

    Au vu de ton discours, je pense que tu vas y arriver! Tu as le recul nécessaire pour envisager les enjeux et les solutions à apporter. C’est cela aussi l’avantage d’arriver en reconversion et avec l’expérience d’une famille.

    Ca ne doit pas être facile et les problèmes de communication c’est saoulant (mais c’est récurent dans le milieu pro donc faut pas le prendre personnellement).

    Et oui, effectivement, les conseils de Nancy sont judicieux (cahier de liaison, musique)

    A l’école du loulou, ils font aussi de la relaxation, des temps de concentration (voir « Calme et attentif comme une grenouille ») et aussi, quand elle voulait que ca se calme, elle lancait une musique (toujours la même) et les enfants devaient venir s’assoir et/ou tout stopper en mettant leurs mains sur eux.
    Tu vas trouver tes astuces, j’en suis sûre!

    Bises

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.