Peu à peu, les ténèbres avancent parmi les nuages déjà présents. L’atmosphère est lourde.
Le dos tourné à l’enfer, je sens les éclairs qui de temps en temps viennent perturber la tranquillité du ciel en le zébrant.
J’imagine encore avoir le temps de faire quelques courses avant de rentrer dans mon nid douillet.
Malheureusement, la sonnerie de mon téléphone vient troubler mon calme apparent.
« C’est bon, tu es rentrée? Tu es où là? A la maison? »
« Hein!? Non… je ne suis pas encore partie, je suis encore au boulot… »
« Pars, pars tout de suite! Ici c’est le déluge! »
« C’est vrai!? Ici le ciel est noir mais il ne pleut pas encore… »
Suivant les conseils de mon homme, je pars sur le champ, sans perdre de temps.
Mais à peine sur la route, de grosses gouttes se mettent à tomber. J’aime l’odeur de la pluie sur le macadam chaud. Ça me rappelle mon enfance, mes étés où je jouais dans la cour, sous les premières gouttes d’orages. Enfin pas le temps de traîner, la pluie redouble et bientôt ici aussi c’est le déluge…
Sur l’autoroute, devant moi, un mur blanc. Je ne distingue plus rien. J’ai peur. Mon coeur s’emballe. Je suis crispée sur mon volant, je me maudis d’avoir pris la route, je pense à m’arrêter sur la bande d’arrêt d’urgence mais je continue, en tremblant comme une feuille, les yeux rivés sur le sol dégoulinant.
2 options devant moi: la route où il y a peu de temps je me suis retrouvée coincée pendant 4h30 ou une autre que j’emprunte peu souvent… Sur celle que j’emprunte peu, les voitures roulent au pas, de l’autre côté ça a l’air fluide. Je dois prendre une décision et vite.
Je prends finalement la mauvaise option… je choisis la voie rapide, celle où j’étais restée bloquée 4h30… et au bout de quelques mètres, je suis à nouveau bloquée comme la dernière fois… Il pleut toujours très fort, l’orage est violent, mon téléphone se met en service limité … difficilement, j’arrive à joindre mon homme. Je suis paniquée.
La pluie s’arrête au bout de 20 longues minutes. Peu à peu, je retrouve ma zenitude. Je ne me sens pas prête à revivre mon cauchemar d’il y a 3 semaines. Non ce n’est pas possible.
Autour de moi, un flot de voitures se dégagent pour remonter une voie d’insertion en sens interdit. Je les suis, je ne les suis pas? Au bout de quelques minutes de réflexions, voyant la situation se répéter, je décide de frauder. Je suis les impatients de rentrer chez eux. Je remonte en sens inverse la voie d’insertion. Au bout, je suis libre!
La circulation est fluide. En peu de temps, j’arrive à la crèche, assez vite pour arriver quelques minutes avant la fermeture de 19h. Je suis soulagée. Ce soir, ce sera pizza, après tant d’émotions, pas l’envie de cuisiner… de toute façon le frigo et les placards sont vides.
2 commentaires sur “DéluGe”
jusdefruits
(9 juillet 2015 - 21 h 00 min)J’aime vraiment ce style « romancier » de tes articles, j’ai eu l’impression d’être à ta place, face à ce mur blanc si terrifiant.
MissBrownie
(10 juillet 2015 - 10 h 23 min)Merci à toi de lire mes archives car grâce à toi, je les relis également et ils m’ouvrent les yeux sur certaines choses 🙂