Je m’interroge souvent sur ma relation mère-fille avec Chupa. Elle me paraît si compliquée, cette relation, par rapport à celle que j’ai avec T-Biscuit et Chichi. J’ai l’impression qu’il y a beaucoup plus d’enjeux ou qu’elle pourrait plus facilement me rejeter que ses frères. Nous sommes tellement différentes que j’ai souvent du mal à la suivre (et pas beaucoup de volonté aussi)
Peut-être que plus tard, elle dira que je n’étais pas une mère assez câline, froide, distante. Pourtant des câlins et des bisous, elle en a eu des tas, mais on dirait qu’elle les a oublié. Maintenant, je les réserve à Chichi parce qu’il est petit et que j’ai plus de facilité à bisouiller un tout-petit.
Par contre, je n’ai jamais vraiment analysé mes relations avec ma mère. Certainement parce qu’il n’y a rien qui puisse être analysé. Ma mère n’a pas été trop étouffante, envahissante, possessive, exigeante ou dure. Du moins, je ne l’ai jamais ressenti de cette façon. Je ne lui reproche rien.
Elle n’a jamais contrôlé de près mes lectures. A l’adolescence, j’ai ainsi pu prendre goût à la lecture, en ayant pour auteurs de chevet Aldous Huxley, Balzac, André Camus ou Emile Zola. Emile Zola, voilà un auteur dont j’ai lu plusieurs romans. Cet été, ça m’a d’ailleurs fait sourire de découvrir que l’auteure Colette avait été interdite de lire Zola par sa mère Sido qui trouvait les récits bien trop crus pour une jeune demoiselle de bonne famille.
Oui, parce que pendant mes vacances, j’ai dévoré la biographie romancée « Trois filles et leurs mères » de Sophie Carquain. Cette biographie romancée raconte les relations que Marguerite Duras, Simone de Beauvoir et Colette, 3 écrivains ayant vécu à une même époque, ont eu avec leurs mères. L’auteure y apporte également quelques touches personnelles de sa propre expérience de fille puis de mère, sans oublier, la façon dont elle est tombée amoureuse de la littérature à l’adolescence en achetant par hasard « Un barrage contre le Pacifique » de Marguerite Duras.
En débutant ma lecture, j’ai pensé que le comble était que je n’avais jamais lu aucune des 3 écrivains. J’ai juste vu l’adaptation cinématographique de « L’amant ».
Malgré tout, j’ai plongé dans ces histoires mères-filles du début du XXème siècle. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à mes grands-mères, ayant grandi à la même époque. D’ailleurs, je suis certaine que leurs biographies romancées auraient été tout aussi passionnantes, même si elles n’ont pas fini femmes de lettres.
Marguerite, Simone et Colette étaient issues de milieux assez bourgeois, comme ma grand-mère maternelle, dans lesquels il y avait des règles de tenue à respecter.
Toutes les 3 ont écrit sur leur histoire personnelle, se sont livrées dans leurs écrits. Elles ont eu besoin d’écrire sur leurs mères.
Marguerite Duras était la petite dernière d’une fratrie de 3, avec 2 grands frères. Simone de Beauvoir était l’aînée de 2 filles et était très proche de sa petite sœur. Gabrielle Colette, elle, était la petite dernière d’une fratrie de 4. Les aînés ayant vite étaient envoyés en pension, elle a été chouchoutée et couvée par ses parents. Elle est la seule à être restée auprès d’eux toute sa scolarité.
Simone de Beauvoir contrariait sa mère en mangeant peu et en ayant de nombreux dégoûts alimentaires alors que Gabrielle Colette dévorait. A l’adolescence, sa mère lui fait même remarquer qu’il faudrait qu’elle fasse attention à ne plus prendre de poids. Encore une fois, la nourriture apparaît comme conflictuelle avec la mère, mais j’ai la preuve à la maison, que le père aussi peut y mettre son grain de sel !
Françoise de Beauvoir et Sido étaient des mères étouffantes à vouloir tout contrôler dans la vie de leurs filles. Marie Donnadieu n’a pas surprotégé Marguerite, bien au contraire, elle l’a plongé dans la cruelle réalité, sans ménagement. Il semble que Marie Donnadieu avait plus besoin d’une mère que d’une fille.
En lisant « Trois filles et leurs mères », j’ai découvert 3 destins de femmes dans un roman agréable à lire. Je me suis plus mise à la place des filles que des mères, les plaignant parfois. Je n’ai pas pu me mettre dans la peau des mères, étant d’une autre époque.
Ces filles sont-elles devenues écrivains juste à cause et grâce à leurs mères ? Difficile à affirmer, toujours est-il qu’elles ont eu matière à écrire sur elles.
Ce livre, avant de le lire, je l’ai prêté à ma mère. Elle aussi l’a énormément apprécié. Voici d’ailleurs son avis sur le roman :
Pour comprendre ,il faut se replonger dans l’époque où vivaient ces femmes .C’est une réflexion sur les relations Mère-Fille qui s’épanouissaient alors avec sauvagerie, sans garde-fou, la psychanalyse n’était même pas à ses prémices en 1914.On découvre la complexité des sentiments et l’impact du vécu « enfant » sur le déroulement de la vie du futur adulte: L’enfance détermine l’adulte que nous serons demainLe poids de la vie d’une mère: les manques, les insatisfactions, les rancœurs rejaillissent sur la vie de sa fille, il y a transmission mère -filleQuels sont les faits (événements )déclencheurs qui ont conduit à prendre la plume?– Les chocs de la vie (changement de situation, séparation, perte d’un proche) peuvent être un électro choc pour l’écriture– L’adolescence ,période cruciale où on a l’âme plutôt mélancoliqueC’est un livre témoignageCe livre nous révèle la complexité des relations mère -fille à une époque précise mais nous donne aussi l’occasion de réfléchir sur notre propre relation mère- fille actuelle, Que ferait une fille devant une telle mère (autoritaire, fusionnelle et manipulatrice ) aujourd‘hui ?On s’approprie vite ce livre car au fil des pages , chacun peut reconnaître un peu de sa mère ,de sa grand-mère (ou de son arrière grand-mère). La présence des photos des trois familles y contribuent un peu plus . Elles apportent encore plus de vie au livre.Ce livre ,riche en émotions et en enseignements , fait surgir d’autres sujets de réflexion : la sexualité, la vieillesse, la mort et aussi le rôle du père dans l’éducation des enfants ,? Ici ,dans ces trois destins, on nous décrit une « mère » (le plus souvent ) méchante ,étouffante alors que le « père » apparaît plus protecteur …c’est à la mère que revient le mauvais rôle ! Est-ce bien juste?En fait ce que j’ai surtout retenu d’important dans ce livre et qui peut être un conseil, ce sont ces quelques phrases :« Pour amener nos filles à s’épanouir, à réussir, ne doit on pas accepter de vieillir, de grossir, de perdre son « brillant »,sa séduction et son sens de l’humour, bref de mourir un peu ? »« respectez l’ordre des générations » nous disent les psy, accepter d’être en veilleuse !Cette leçon est en fait celle de Sido : »Une fleur se fane, une autre renaît »C’est un livre qui marque
7 commentaires sur “Grâce à leurs Mères ?”
La montréalaise
(19 août 2014 - 18 h 56 min)Ah je pense que je vais le lire! Ça peut être très intéressant! Merci
babbou64
(19 août 2014 - 20 h 25 min)ta mère et toi m’avez donné envie de le lire. Merci!!!!!
Maud
(19 août 2014 - 20 h 46 min)Sympa comme réflexion. C’est étonnant que tu trouves ta relation avec Chupa compliquée… à te lire on a pourtant l’impression que c’est la plus « facile » 😉
La fin du billet me laisse perplexe quand même… accepter de vieillir, ok, mais se laisser mourir un peu pour laisser la place à sa fille… :/
Bref, ça a l’air d’être une lecture intéressante… même si je ne pense pas que ce soit mon style de lecture 😉
Tes lectures d’adolescente me font sourire… certainement pas ce que je lisais à cet âge… ma sœur oui 🙂 d’ailleurs, est-ce que je lisais à cet âge ?? pas sûr. Je n’ai jamais aimé lire. Pourtant, à mon (vieil) âge, je ne m’en sors pas si mal…
MissBrownie
(26 août 2014 - 16 h 47 min)C’était la plus facile. Je crois qu’elle nous réserve une adolescence merveilleuse mêlée d’insolence et de désobéissance LOL
C’est une lecture très facile et narrative comme de nombreux romans actuels 😉
madamezazaofmars
(19 août 2014 - 21 h 59 min)J’aimerai trouver un livre sur la relaton mere/fils mais je n’en connais aucun
MissBrownie
(26 août 2014 - 16 h 57 min)Il y a ce livre sur les mères et leur fils : http://www.amazon.fr/M%C3%A8re-fils-Alain-Braconnier/dp/2738118917/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1409064945&sr=8-1&keywords=m%C3%A8re+fils
Mais c’est vrai que c’est un sujet moins traité.
La vie en Tisanie
(19 août 2014 - 22 h 48 min)J’ai lu un dossier sur Duras et été et on y parrlait justement de sa relation avec sa mère, qui effectivement était une femme dure. Marguerite elle même etait très particulière ! Et pouvait se montrer très dure avec les autres…. Vraisemblablement il y a un lien ! J’espère etre un bon modèle pour mes filles, aussi bien en tant que mère qu’en tant que femme.