Il y a deux ans, quand j’étais stagiaire, je trouvais difficile d’avoir des yeux observateurs dans la classe. Notamment ceux de ma conseillère pédagogique ou de ma tutrice terrain. Parfois, je me disais que c’était finalement mieux que je n’ai pas d’Atsem à temps plein à mes côtés. Pas de jugements possibles.
Depuis l’année dernière, tout a changé !
En effet, depuis ma titularisation, je suis rarement seule en classe. Très très rarement.
L’an dernier, dans ma classe de 35 TPS/PS/MS, de janvier à juin, nous étions 4 en classe le matin (et en fin d’après-midi). Il y avait l’atsem, une aesh et une petite jeune en service civique. Autant raconter une histoire en y mettant le ton devant 35 paires de petits yeux émerveillés pour un rien ne me dérangeait absolument pas, mais les 3 paires d’yeux adultes étaient plus gênantes. J’ai fini par m’y habituer. Avec le temps, j’ai arrêté de me dire qu’elles pouvaient avoir un jugement sur ma façon de faire. Certes, parfois, elles avaient un petit sourire voire rire en réaction à ce que je venais de dire, mais comme il y avait une bonne entente entre nous, je ne l’ai jamais mal pris.
Pour être honnête, le seul petit truc avec lequel j’avais parfois du mal, c’est quand elles discutaient entre elles pendant le moment de l’histoire, créant ainsi un bruit de fond. Je n’ai jamais osé le formuler.
Cette année, c’est un peu différent. Depuis le début de l’année, j’ai effectué plusieurs remplacements durant lesquels j’étais parfois seule, parfois avec une atsem, parfois avec une atsem et une ou 2 aesh. Puis, la situation qui est devenue quotidienne en fin de période 1 est 3 aesh l’après-midi et parfois une maîtresse rased en plus. Bref, beaucoup de monde dans la petite classe. Cette situation continuera en période 2.
Certes, je ne saurais faire sans les aesh car elles sont d’un grand soutien. Sans elles, impossible de gérer la classe avec les 2 élèves difficiles. Ils sont capables de quitter la classe sur un coup de tête ou de jeter leurs affaires. Ils ont besoin d’une présence pour les canaliser. Cependant, cette fois, je me sens beaucoup plus jugée qu’en maternelle. Pourquoi ?
- Je découvre l’élémentaire. Je n’avais encore jamais enseigné assez longtemps en élémentaire pour vraiment savoir comment faire. Et puisque je n’ai jamais fait de stages d’observation, je tâtonne en cherchant MA méthode. Je n’ai aucun appui, aucune représentation. Donc, j’ai peur de mal faire. Les premiers jours, je n’étais pas du tout à l’aise.
- Les aesh sont aesh depuis plusieurs années. Elles ont pu observer les méthodes de diverses enseignantes expérimentées. Je suis inexpérimentée. Comme sait le répéter l’IEN, je débute dans le métier.
- J’ai parfois peur de dire des bêtises, de faire des fautes d’orthographe ou de me tromper dans la nature d’un mot. Pour le moment je n’ai jamais vraiment eu le temps de bien préparer mes leçons. Je compte sur ces vacances pour le faire. Mais soyons honnête, le temps file vite et ma todo liste est longue. Ma famille a aussi besoin de moi.
- La maîtresse Rased a une posture exemplaire et une autorité naturelle que j’envie. Je me sens tellement petite à côté d’elle. Je sens que j’ai encore tellement à apprendre. J’ai toujours peur qu’elle me trouve nulle. Alors quand elle prend des notes sur ce qui est fait en classe, sur quels élèves elle a aidés, je ne me sens pas à la hauteur.
Vous l’aurez compris, je me sens libérée d’un poids quand je suis seule en classe. Cependant, avec le temps, j’apprécie ces présences qui sont une vraie aide. Et oui, je débute dans le métier alors j’apprends au contact de personnes comme la maîtresse Rased. Je vois cela comme une chance. Je fais de mon mieux avec le peu de bagages que j’avais en entrant dans le métier.
En tout cas, il y a bien une chose à laquelle on ne nous prépare absolument pas à l’Inspé, c’est à avoir du monde en classe avec soi. On s’imagine seul(e) face aux élèves, pourtant, cette situation est de moins en moins fréquente. De plus en plus d’élèves ont besoin d’être accompagné par une aesh. J’ai de la chance d’en avoir 3 géniales avec moi pour mon remplacement long.
Peut-être que quand la CPC viendra m’observer en décembre je serai moins stressée.